« Il n’y a rien de plus important que d’être en paix avec son ventre » disait Driss Chraïbi, un écrivain. En effet, lorsque des maux de ventre et des signes digestifs tels que ballonnements, diarrhées, constipations, gaz, apparaissent, ils impactent fortement la vie du sujet. C’est le cas notamment du syndrome du côlon irritable.
Le syndrome du côlon irritable, c’est quoi ?
Le syndrome du côlon irritable – encore appelé communément colopathie fonctionnelle – est le trouble gastro-intestinal le plus fréquent au monde. Il atteint en moyenne 10% de la population française, et touche préférentiellement les femmes. C’est un trouble chronique (durable dans le temps) du fonctionnement de l’intestin, causant une gêne importante pour le patient. En effet, en présence de ce syndrome, le fonctionnement de l’intestin, normalement silencieux, devient douloureux pour le patient.
Ce syndrome se caractérise par des douleurs abdominales, un inconfort et des troubles du transit intestinal (constipation, diarrhée ou une alternance des deux). Les douleurs abdominales sont ressenties sous forme de spasmes et de crampes. Elles se situent surtout en bas du ventre à droite et à gauche (au niveau des fosses iliaques) ainsi que vers le nombril (dans la région ombilicale). Ces douleurs de ventre sont surtout présentes après les repas mais peuvent également apparaître au réveil. Elles peuvent durer de quelques heures à quelques jours. La selle et l’émission de gaz ont tendance à soulager ces maux.
Bien que ce syndrome se manifeste par des symptômes viscéraux, il impacte également la qualité de vie des patients. Les douleurs peuvent amener à de l’absentéisme, des troubles de la concentration, un stress ainsi qu’une dépression.
Les causes du syndrome du côlon irritable
Les causes du syndrome du côlon irritable sont encore mal connues, cependant, de nombreuses études ont été réalisées amenant à plusieurs hypothèses.
Pour permettre la digestion, l’intestin grêle et le côlon se contractent, permettant ainsi de déplacer les aliments le long du système digestif. Or, dans la colopathie fonctionnelle, ces contractions sont soit trop fortes soit trop faibles, perturbant ainsi le déplacement du bol alimentaire et causant alors des diarrhées ou des constipations. Un trouble de la motricité intestinale pourrait donc être en cause dans ce syndrome viscéral.
Des anomalies de la sensibilité intestinale peuvent également être à l’origine de l’apparition des symptômes. En effet, le fonctionnement du système digestif et de l’intestin, normalement silencieux et indolore, devient plus sensible chez ces patients, avec des ressentis de ballonnements et de douleurs abdominales.
Ajoutées à cela, une légère inflammation de l’intestin et des anomalies de la flore bactérienne ont été remarquées dans le syndrome du côlon irritable. Cette inflammation provoque une augmentation des gaz digestifs.
Enfin, une modification de l’interaction entre le cerveau et l’intestin est également une hypothèse. Un lien important existe entre les deux permettant des libérations hormonales et un bon fonctionnement du système digestif. Une perturbation de cette interaction viendrait impacter le système digestif, dont le fonctionnement ne serait plus optimal et engendrerait des douleurs ainsi que des troubles du transit.
De plus, des facteurs de risques favorisant l’apparition des douleurs ont été identifiés notamment le stress, l’anxiété et une alimentation non équilibrée.
Le mécanisme causant les douleurs n’est donc pas encore exact mais ces nombreuses possibilités peuvent être à l’origine du syndrome du côlon irritable.
Les émotions liées au côlon irritable ?
En effet, le stress et l’anxiété favorisent les douleurs abdominales et les ballonnements du syndrome du côlon irritable. Les émotions ont un réel impact sur le système digestif, comme le montrent d’ailleurs ces nombreuses expressions de la langue française telles que « la rage au ventre », « des papillons dans le ventre », « l’estomac noué » ou encore « la boule au ventre ».
Le ventre est un système bien plus complexe que l’on a longuement étudié. Il présente entre 200 000 et 600 000 neurones et est capable de réaliser la tâche compliquée de la digestion. De plus, les études actuelles montrent que ce système complexe interagit étroitement avec le cerveau. Le stress et l’anxiété ressentis et analysés par le cerveau pourraient donc également avoir un impact sur le système digestif. Le ventre est un réel centre émotionnel et son fonctionnement pourrait être modifié par l’expression de ces émotions.
L’alimentation pour soigner un côlon irritable
L’alimentation a également un impact sur les symptômes de cette colopathie fonctionnelle. En effet, de nombreux patients atteints du syndrome du côlon irritable décrivent une augmentation des douleurs 15 minutes à 3 heures après l’ingestion des aliments. Il est donc important, pour chaque patient, d’étudier quels sont les aliments provoquant et augmentant les maux de ventre.
Voici quelques aliments souvent décrits comme favorisant les douleurs abdominales du syndrome du côlon irritable. On constate que les aliments riches en lipides (poisson et viande grasse, la charcuterie, le pain, les céréales de blé) entraînent régulièrement une rétention des gaz et des ballonnements. Certains aliments sont dit « gazogènes », ils rendent la digestion plus difficile et provoquent également des gaz (choux-fleurs, brocolis, pommes crues, compotes, figues, dattes, pois chiches, bonbons, boissons gazeuses…).
Enfin, les aliments appelés FODMAP (Fermentable Oligo, Di, Monosaccharides And Polyols : glucides de petite taille, très peu absorbés par l’intestin grêle et donc très peu digestes) sont déconseillés pour les personnes atteintes de colopathie fonctionnelle. Les FODMAP contiennent des petits sucres, qui sont très peu absorbés et difficilement digérés. On les trouve dans :
∙ Des légumes (artichauts, asperges, champignons, choux de Bruxelles…) ainsi que des légumes secs (haricots rouges, pois chiches, flageolets…)
∙ Des céréales (riz complet, avoine, pain complet…)
∙ Des produits laitiers (lait, fromage, yaourt…)
∙ Certains fruits (melon, pêche, abricot, cerise…)
Notons également que certaines boissons ont tendance à augmenter les signes digestifs comme le café, l’alcool et les boissons gazeuses.
Quel praticien consulter pour un côlon irritable ?
L’ostéopathe, par sa prise en charge globale, va permettre de diminuer la fréquence et l’intensité des symptômes. Le système digestif est composé de nombreux organes reliés par différents tissus. Un mauvais fonctionnement des organes pourra avoir un impact sur leur mobilité et potentiellement créer des tensions au niveau des tissus qui les relient. Tout cela viendra augmenter les symptômes et créer un cercle vicieux. Des techniques sur la sphère viscérale pourront donc être utiles pour diminuer les tensions des structures reliant les organes mais également redonner de la mobilité aux viscères. Ce traitement ostéopathique permettra donc une meilleure circulation du système digestif et une diminution des douleurs.
Des probiotiques peuvent être conseillés pour améliorer la flore intestinale souvent déséquilibrée dans le syndrome du côlon irritable. Cependant, l’avis d’un professionnel de santé est fortement préconisé avant la prise de ces probiotiques.
Le diététicien-nutritionniste est un allié pour une meilleure alimentation. En effet, comme certains aliments viennent augmenter les symptômes, l’aide de ce professionnel de santé permettra de mieux comprendre son alimentation et de l’adapter de manière optimale.
Lorsque les symptômes ont une répercussion sur la qualité de vie, ou si le stress devient trop difficile à gérer, des séances de sophrologie, d’hypnose et un soutien psychothérapeutique peuvent être intéressants.
6) Que faire pour diminuer les douleurs du côlon irritable ?
Tout d’abord, le premier conseil est d’observer ce qui augmente ou diminue vos douleurs chez vous. L’objectif est de comprendre sa pathologie, savoir ce qui fait du bien ou au contraire est douloureux. Cela permet ensuite de mieux contrôler ses symptômes.
Pour diminuer la fréquence et l’intensité des douleurs, il est ensuite recommandé de limiter les facteurs favorisants. Il est donc important de faire un point sur le stress, l’alimentation et l’hygiène de vie en général.
Nous avons vu que le stress a un impact négatif sur les douleurs du syndrome du côlon irritable. Pour diminuer cet état de stress et d’anxiété, des exercices de respiration abdominale sont conseillés. A l’inspiration, l’objectif est de gonfler au maximum le ventre puis à l’expiration de rentrer le nombril à l’intérieur. Il est recommandé de réaliser cette respiration quelques minutes lorsque le stress augmente mais il peut également être fait à tout moment de la journée en prévention. Le mouvement est aussi un allié contre le stress. Une balade en plein air ou une séance de yoga peuvent être ajoutées à votre routine lors de périodes stressantes.
Une alimentation saine est préconisée. La prise de repas est également importante. Il est conseillé de manger à des heures régulières, de prendre du temps pour mâcher les aliments et de s’asseoir pendant le repas. Enfin, limitez les aliments augmentant vos symptômes. L’hydratation est également importante tout au long de la journée.
Une activité physique est préconisée pour les douleurs abdominales. En effet, le mouvement favorise la digestion et une bonne mobilité des organes abdominaux, diminuant ainsi les symptômes. De plus, le sport améliore la qualité de vie, le sommeil et diminue l’anxiété. Si la pratique d’un sport est difficilement réalisable, essayez de choisir le mouvement dès que cela est possible (marche, escalier, bricolage, jardinage…).
Enfin, lors des crises douloureuses, vous pouvez réaliser un auto-massage. Pour cela, positionnez votre main sur votre ventre et réalisez des ronds dans le sens des aiguilles d’une montre. Pensez à bien respirer lors de cet exercice. Cet auto-massage aidera au fonctionnement et à la mobilité du système digestif.