Qu’est-ce que le périnée ?
Le périnée forme un hamac composé de muscles, de ligaments, de fascias et de membranes qui ferment la cavité abdominale à la partie inférieure de votre bassin. Il contient les organes génitaux externes féminins et masculins et les orifices des appareils génito-urinaires (vessie, urètre) et gastro-intestinale (rectum et canal anal). Plusieurs muscles s’y rejoignent : les muscles élévateurs de l’anus s’y attachent et sont réunis par un tissu fibreux : c’est ce qu’on appelle le diaphragme pelvien. Imaginez un parachute qui supporte le poids de toute votre cavité abdominale !
Figure 1: Vue inférieure du périnée.
Quelles sont les fonctions du périnée ?
Le périnée a de nombreuses fonctions : premièrement une fonction de soutien. Au-dessus de lui reposent la vessie, le rectum, le canal anal et les voies de la reproduction. Deuxièmement, le périnée fixe les racines des organes génitaux externes : le clitoris, le pénis sont fermement ancrés sur le pubis. Aussi, sa tension doit être finement équilibrée afin d’éviter la descente d’organes, mais aussi pour retenir les urines, les gazs et les selles. Enfin, le périnée joue un rôle important dans la sexualité.
Qu’est-ce qu’une douleur au niveau du périnée et quelles sont leurs causes ?
Généralement, elles sont multifactorielles. Elles peuvent être d’origine mécanique (ptoses), digestives (constipation, hernie, maladie inflammatoire de l’intestin), urinaires (cystite), musculo-squelettiques (tension des muscles abdominaux) ou très rarement vasculaires (anévrisme).
Figure 2: La douleur périnéale.
Les causes les plus fréquentes chez la femme :
- La dyspareunie : se définissant comme douleurs ressenties pendant et après les rapports sexuels.
- L’endométriose : provoquée par le développement de l’endomètre en dehors de l’utérus, colonisant d’autres organes avoisinants. Ceci se traduit par des douleurs pendant les règles ou les rapports.
- Fibrome utérin : étant une tumeur bénigne se trouvant dans l’utérus provoquant des douleurs, saignements vaginaux anormaux, fausses couches à répétition, constipation, et un besoin plus fréquent d’uriner.
- Le vaginisme : qui est une appréhension de la pénétration provoquant un spasme et la fermeture du vagin.
- La vulvodynie : se caractérise par une douleur à la vulve à type de brûlure, d’échauffements ou d’irritation. Le facteur qui la déclenche est souvent une relation sexuelle.
- La vulvo-vaginite cyclique : des démangeaisons, douleurs, brûlures, fissures, gonflements se répètent. Elle est souvent causée par le déclenchement des règles.
- Les douleurs coccygiennes : provoquées par exemple par une chute sur les fesses, même ancienne.
- Les douleurs cicatricielles après un accouchement ou une opération.
- L’anisme : se caractérisant par une absence de relaxation sphincter de l’anus lors de la défécation.
- Les hémorroïdes peuvent être des causes fréquentes de douleurs périnéales.
Les causes chez l’homme :
Bien qu’elles soient moins fréquentes, les douleurs périnéales sont présentes chez l’homme et peuvent être un réel handicap. Les plus fréquentes sont :
- La prostatite : peut donner une douleur au niveau du scrotum, de l’anus, du pénis, des testicules ou de manière plus diffuse au niveau du bas du dos.
- Les névralgies de pudendale : caractérisée par des sensations de brûlure intense ou engourdissement au niveau du périnée, aggravées par la position assise.
- Orchialgie ou douleur testiculaire : causée le plus souvent par une épididymite ou une torsion testiculaire.
- La proctalgie fugace : se caractérise par une sensation de crampe, de spasme ou de coup de poignard au niveau de l’anus, mais sans trajet électrique contrairement à la névralgie de pudendale.
- L’hyperplasie prostatique bénigne est une hypertrophie de la prostate qui augmente de volume avec l’âge. Les hommes peuvent ressentir une difficulté à la miction et avoir un besoin d’uriner plus fréquent et plus urgent.
Le rôle du périnée dans l’accouchement
Au moment de l’expulsion, la fente entre les deux muscles releveurs de l’anus se distend alors que le périnée augmente de diamètre. Le périnée peut constituer un véritable obstacle au passage du bébé lors de l’accouchement. Il est important de consulter un ostéopathe pendant la grossesse et avant l’expulsion. Il faut que le périnée soit tonique, capable de se relâcher, mais aussi extensible.
Les conséquences de l’accouchement sur le périnée
Lors de la grossesse, le poids du bébé augmente la contrainte mécanique sur le périnée. Ceci, accompagné de changements hormonaux qui détendent les ligaments, peut diminuer la tonicité musculaire du périnée. L’accouchement augmente ces précédentes contraintes : une épisiotomie peut créer des adhérences cicatricielles modifiant la structure de ce hamac musculaire.
La rééducation périnéale a donc un rôle essentiel après l’accouchement. Elle peut être pratiquée par un kinésithérapeute ou une sage-femme. En suite de couche, toutes les femmes ont le droit à dix séances de rééducation périnéale remboursées par la sécurité sociale. L’ostéopathie, en travaillant la structure et la fonction du périnée optimise davantage le travail du kinésithérapeute et de la sage-femme.
Périnée trop contracté : qu’est ce que c’est ?
L’hypertonie périnéale est équivalente à une contracture de la musculature du plancher pelvien associée souvent à une contracture des muscles transverse de l’abdomen et de l’entrejambe.
L’hypertonie du périnée peut être causée par le stress, les traumatismes (blessure au dos, ou traumatisme sexuel) ou par une infection.
Les principaux symptômes sont des infections urinaires fréquentes, un besoin d’uriner de manière répétée, de la constipation, des douleurs aux rapports sexuels ou lors de l’insertion d’un tampon.
Le tonus musculaire est un état permanent de mise en tension du muscle, l’hypertonie est une exagération du tonus provoquée en partie par les voies neurologiques descendantes du cerveau. L’ostéopathe peut avoir un rôle prépondérant sur la régulation du tonus musculaire en travaillant sur le système nerveux végétatif.
Votre ostéopathe vous conseille d’effectuer des respirations ventrales, de réduire le stress et les sources de stress dans sa vie, les massages du périnée, d’éviter les techniques de Kegel (qui visent à tonifier le périnée).
Douleur au niveau du périnée : quels remèdes ?
- Effectuez une rééducation périnéale complète après un accouchement auprès d’un kinésithérapeute ou d’une sage-femme.
- Effectuez des messages sur la zone du périnée.
- Consultez votre médecin ou gynécologue si une douleur persiste.
- Consultez votre ostéopathe.
- Certaines méthodes naturelles sont efficaces sur les douleurs périnéales : les plantes de fenouil ou badiane sont notamment efficaces sur les flatulences et ballonnements.
Quel massage puis-je faire sur la zone du périnée ?
Le massage du périnée peut être pratiqué dès le 8e mois de grossesse. Installez-vous dans la posture de grenouille semi-assise, les jambes repliées, mais ouvertes avec des coussins sous les genoux pour éviter une tension trop importante sur les adducteurs. Pendant toute la durée du massage externe comme interne, prenez de grandes inspirations et expirations.
Placer la première phalange de votre pouce à l’intérieur du vagin et l’index et le majeur entre le vagin et l’anus. Effectuer des mouvements circulaires sur la peau en partant de l’intérieur vers l’extérieur.
Figure 3: Auto-massage du périnée.
Une fois le massage externe effectué, vous pouvez passer au massage interne. Introduisez votre pouce sur toute sa longueur dans votre vagin. Il est possible que vous ressentiez des douleurs à type de brûlure. Ajustez la pression en fonction de votre ressenti, la règle de la non-douleur est primordiale. Effectuez des mouvements de va-et-vient dans votre vagin en maintenant une pression vers le bas (le périnée). Vous pouvez effectuer ces massages plusieurs fois par semaine. Ils permettent de prendre conscience de votre périnée ce qui est idéal pour préparer l’accouchement. N’hésitez pas à contacter votre ostéopathe pour la réalisation de ce massage. Il pourra vous conseiller, mais ne pourra pas effectuer de manipulations internes.
Ensemble de pathologies sur lesquels ostéopathie :
- La névralgie de pudendale : en travaillant les structures responsables de la compression du nerf. L’ostéopathie peut aider à diminuer les douleurs.
- La constipation : Il est possible d’avoir des difficultés à aller à la selle car une dysfonction est présente au niveau du périnée. En effet, il est le lieu de passage du canal anal et du rectum. L’ostéopathe peut agir le système nerveux autonome responsable de la contraction des sphincters. De plus, votre praticien peut travailler la racine du mésocôlon sigmoïde qui repose sur le périnée.
- Les hémorroïdes sont la conséquence de la dilatation des veines hémorroïdaires. Elles peuvent avoir plusieurs causes bien connues de l’ostéopathe qui investiguera le foie, le plexus veineux afin d’éviter une stase.
- Les ptoses, étant une descente progressive des organes par la gravité, peuvent être associées à un effondrement des tabliers, autrement dit, certaines zones d’attache au sein de l’abdomen ont tendance à descendre vers le bas, ce qui vient “écraser” davantage le périnée. Ceci peut avoir plusieurs conséquences : un prolapsus (descente dans le vagin de l’utérus, la vessie ou le rectum), une constipation ou encore des stases veineuses. Dans ce cas, l’ostéopathe peut investiguer l’innervation du périnée (plexus sacré). Si certains nerfs sont « comprimés » sur leurs trajets par d’autres structures anatomiques dans l’abdomen, alors la fonction des muscles de la paroie musculaire du périnée peut être modifiée. L’ostéopathie viscérale a donc un rôle prépondérant dans le maintien d’un bon tonus musculaire du périné afin d’éviter une ptose.
- L’insuffisance veineuse se traduit par un mauvais retour veineux : le sang circulant dans les veines des membres inférieurs présente des difficultés à remonter vers le cœur. L’ostéopathe peut investiguer l’action hémodynamique du diaphragme thoracique sur le diaphragme périnéal. Un dysfonctionnement du diaphragme thoracique en position trop basse pourrait exercer une hyperpression (de haut en bas) sur la membrane périnéale ainsi que tout le système veineux. De plus, la vascularisation du périnée peut être investiguée par votre ostéopathe. Une compression en amont ou en aval de structure artérioveineuse peut perturber la bonne irrigation artérielle ou veineuse au niveau du périnée. Cela peut engendrer par exemple des stases veineuses et à terme une insuffisance veineuse. Le sang veineux parvient difficilement à remonter vers le cœur. Cela s’explique par une particularité anatomique : les veines présentes au niveau du petit bassin ne possèdent pas de valvules (un système permettant de faciliter la remontée du sang veineux).
- Les douleurs sacro-iliaques et coccygiennes : par un lien anatomique direct (ligament sacro-tubéral et ligament sacro-coccygien), une dysfonction de la membrane périnéale peut perturber la position du sacrum et du coccyx.
Conseils de votre ostéopathe pour avoir un périnée en pleine santé :
- Prévenir la constipation qui exerce une contrainte sur le périnée (faites du sport, mangez des aliments riches en fibres). Lorsque vous êtes aux toilettes, placer un tabouret sous vos pieds pour les surélever. Cette position anatomique facilite la défécation.
- Globalement une alimentation équilibrée permet d’éviter le surpoids qui augmente les contraintes sur le périnée.
- Privilégiez les sports comme la gym hypopressive (faire le vide dans l’abdomen afin d’aspirer les organes vers le haut et d’induire une contraction réflexe du périnée)
- Ne poussez pas vers le bas si vous soulevez une charge lourde, mais pliez plutôt vos jambes lors de l’effort de poussée.
- Prenez du temps de repos allongé pour soulager la tension exercée sur le périnée.
- Il est important d’avoir un équipement de bureau adéquat : une chaise de bureau adaptée à vous, avec un siège fixe et un appui surélevé sous les pieds.
Pour conclure, il existe de nombreuses causes de douleurs périnéales. Elles concernent autant les femmes que les hommes. La rééducation périnéale est primordiale après l’accouchement. L’ostéopathie a un rôle fondamental dans la prise en charge des ces douleurs. Il existe certains remèdes comme des auto-massages que vous pouvez effectuer régulièrement.
Si la douleur persiste au-delà de plusieurs semaines ou reste d’une intensité très forte à insupportable, votre ostéopathe vous rappelle que la consultation avec votre médecin traitant s’impose. En cas de doute et si vous avez besoin d’une consultation d’urgence, contactez un professionnel qui répondra à vos questions.