Douleur au rapport sexuel : l’ostéopathie comme solution envisageable
La dyspareunie, ou algopareunie (douleur au rapport sexuel), touche près de 40% des femmes au cours de leur vie. Si certaines en souffrent dès les premiers rapports sexuels, d’autres y sont confrontées plus tard, en postpartum (après l’accouchement) par exemple.
Endométriose, vaginisme, chirurgie locale (césarienne, par exemple), postpartum, antécédents d’infections locales, chute sur les fesses ou encore trouble de la statique génitale (maintien des organes génitaux dans l’abdomen), la dyspareunie peut avoir plusieurs origines. Médecine manuelle préventive et curative, l’ostéopathie comprend un large panel de techniques visant à soulager les douleurs des patientes touchées par la douleur au rapport.
Généralement, les femmes souffrant de dyspareunie ne se présentent pas en consultation ostéopathique pour ce motif de consultation particulier. C’est la lombalgie (douleur lombaire), la sacralgie (douleur du sacrum), ou l’association des deux, la lombo-sacralgie, qui amènent le plus souvent la patiente à consulter.
Pourtant, toutes ces douleurs sont étroitement liées, et l’ostéopathe peut suspecter cette relation dès le début de la consultation par l’interrogatoire de la patiente. Il est du rôle de l’ostéopathe d’informer les patientes souffrant de dyspareunie des différentes prises en charge envisageables afin de les accompagner au mieux dans le traitement de cette douleur.
Pourquoi l’ostéopathe peut-il agir sur la dyspareunie ?
L’un des principes fondamentaux de l’ostéopathie repose sur la préservation du mouvement des structures qui composent le corps. La dyspareunie étant liée au système gynécologique (organes gynécologiques), la première chose que devra vérifier l’ostéopathe sera la mobilité de l’utérus. En effet, cet organe génital bouge bien plus que ce que l’on pense ! Que ce soit en fonction du remplissage et de la vidange de la vessie et du rectum, lors de la respiration, ou encore lors du rapport sexuel et ses nombreuses déclinaisons positionnelles, la mobilité de l’utérus est constamment sollicitée. Alors, lorsque l’utérus n’est plus libre de ses mouvements au sein de l’abdomen, il sait le faire comprendre en rendant la zone alentour sensible, voire douloureuse.
Comment est-il possible que l’utérus ne puisse plus bouger correctement ? La réponse est plutôt simple. Comme tous les viscères de l’abdomen, l’utérus est maintenu aux structures anatomiques qui l’entourent par des ligaments afin de le maintenir à sa place. Tout antécédent (chirurgical, traumatique, pathologique, médicamenteux, etc.) de la région lombo-sacrée peut modifier la position de l’utérus au sein de l’abdomen et impacter celle des ligaments utérins qui resteront fixés dans cette position inhabituelle. Ceci est source de douleurs au niveau des structures sur lesquelles ils sont attachés. Par des techniques manuelles externes et complètement naturelles, l’ostéopathe aura pour but de rééquilibrer la zone douloureuse afin de diminuer les contraintes sur les structures incriminées.
Prise en charge ostéopathique de la dyspareunie, à quoi s’attendre ?
Afin de mieux cerner la ou les causes des douleurs au rapport, le praticien commencera sa consultation par un interrogatoire de la patiente. Seront abordés plusieurs points dont certains que de nombreuses patientes ne s’attendent pas à évoquer avec leur ostéopathe, mais pourquoi ?
Ostéopathie et diagnostic
D’abord, le praticien doit s’assurer qu’il est en mesure de réaliser un traitement ostéopathique sur la patiente qui se trouve face à lui sans que cela soit dangereux pour elle. Certaines causes de dyspareunie ne sont pas du ressort de l’ostéopathie et nécessitent la pose d’un diagnostic médical par un médecin, il faut savoir les reconnaitre.
Lorsque le risque est écarté et que l’ostéopathe est en mesure de traiter la patiente, il lui faudra s’informer sur d’autres points auprès d’elle pour la prendre en charge dans les meilleures conditions :
- Y a-t-il port de stérilet ou prise de pilule contraceptive ?
- Y a-t-il un suivi gynécologique régulier ?
- Y a-t-il des antécédents gynécologiques particuliers (infections, pathologies en cours ou passées, etc.) ?
- Les douleurs au rapport ont-elles tendance à s’exprimer en début ou fin de pénétration ? S’expriment-elles dans certaines positions sexuelles particulières, ou toutes les positions sont douloureuses ?
- Si la patiente est mère ou l’a été : comment s’est passé son accouchement ?
Toutes ces questions permettront à l’ostéopathe de cibler précisément le cas de la patiente. Elles l’aideront également à savoir quelles techniques ostéopathiques seront les plus adaptées lors du traitement, et s’il a besoin d’un avis médical parallèlement à sa prise en charge pour répondre au mieux à la demande de la patiente.
Le rapport sexuel doit être source de plaisir, non de souffrance ! Très souvent, les patientes ont tendance à s’habituer à leur dyspareunie, et celles qui en souffrent depuis leurs premiers rapports ne savent pas que le rapport sexuel ne doit pas être douloureux puisqu’elles l’ont toujours connu ainsi. Pourtant, l’ostéopathie est une méthode douce et naturelle pour diminuer, voire inhiber, la dyspareunie.
Cas de dyspareunie traité par l’ostéopathie
Ce fut le cas de l’une des patientes que j’ai rencontré au cours de mon cursus de formation.
Âgée de 56 ans, mère de trois enfants, elle venait consulter en ostéopathie pour une douleur en bas du dos qu’elle assimilait à son arthrose. À l’interrogatoire, elle me révéla souffrir de dyspareunie depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, au moins 22 ans : âge de son dernier enfant.
Le rapport sexuel lui faisait mal au dos depuis des années, elle n’y prenait plus aucun plaisir, elle souffrait. En la prenant en charge, je découvris des liens entre sa douleur au dos et ses douleurs au rapport. Chez elle, l’utérus était resté figé dans une position inadéquate, probablement suite à ses accouchements. Je l’ai prise en charge en douceur en restant attentive à ses douleurs, et lui donna un second rendez-vous trois semaines plus tard pour faire le point.
Lorsque l’on se rencontra pour la seconde fois, cette femme fut étonnée de la diminution de sa lombalgie qu’on n’était jamais parvenu à soulager jusqu’ici. De plus, elle m’informa qu’elle ne présentait plus de dyspareunie. Le rapport sexuel était redevenu une source de plaisir !
Cela s’explique simplement. L’utérus de cette patiente, maintenu dans une position inhabituelle, tractait sur certains de ses ligaments qui le lient à son dos : les deux douleurs de la patiente (lombalgie et dyspareunie) étaient donc liées. L’ostéopathie viscérale fut mon outil de travail principal lors de la prise en charge, mon but avait été de réaxer son utérus afin que ses ligaments utérins cessent de tracter sur son dos.
Les conseils de l’ostéopathe
La médecine ostéopathique possède bien d’autres outils thérapeutiques pour aider les femmes souffrant de dyspareunie. Alors, si vous êtes concernée et que vous n’avez jamais essayé l’ostéopathie, sautez le pas ! En attendant, voici quelques conseils que vous pouvez mettre en place pour vous soulager :
- Discutez-en avec votre partenaire afin qu’il/elle soit attentif/attentive à vos douleurs et puisse vous aider à son échelle.
- Parlez-en à votre gynécologue.
- N’ayez pas peur de dire « stop » ! Si le rapport est trop douloureux, n’hésitez pas à vous arrêter complètement ou à faire des pauses.
- Utilisez un lubrifiant adapté si vous souffrez de sécheresse vaginale.
- Jouez avec la position de votre dos si l’angle de pénétration est douloureux : essayez de creuser ou d’arrondir votre dos. Parfois, cela permet de réduire les douleurs. Si cela ne suffit pas, essayez de placer un coussin sous votre corps selon la position dans laquelle vous vous trouvez.
Enfin, pour permettre à votre ostéopathe de vous prendre en charge de la meilleure façon, soyez attentive aux facteurs qui amplifient vos douleurs au rapport, et notez s’il y a des signes qui accompagnent ces douleurs (saignements, pertes blanches odorantes ou de couleur inhabituelle, douleur dans le dos, etc.).
Après la consultation ostéopathique, à quoi s’attendre ?
Il est possible que suite au traitement ostéopathique, vous présentiez une amplification de vos douleurs durant quelques jours. Cela est dû à l’adaptation de votre corps au traitement.
Redonner de la mobilité à une zone qui a longtemps été fixée demande à votre corps une dépense énergétique importante, un peu comme pendant et après une séance d’un sport que vous n’avez pas l’habitude de pratiquer.
Rassurez-vous, ces douleurs passeront au bout de plusieurs heures ! Si ce n’est pas le cas, alors n’hésitez pas à appeler votre ostéopathe afin de vous informer sur la démarche à suivre, car il se peut que vous nécessitiez d’une prise en charge pluridisciplinaire (par plusieurs praticiens de santé, dont l’ostéopathe), par exemple avec votre gynécologue et votre kinésithérapeute.
Ceci dépend essentiellement de vos antécédents et de votre mode de vie, c’est pourquoi l’ostéopathe vous pose plusieurs questions diverses en début de consultation.
Si la douleur persiste au-delà de plusieurs semaines ou reste d’une intensité très forte à insupportable, votre ostéopathe vous rappelle que la consultation avec votre médecin traitant s’impose. En cas de doute et si vous avez besoin d’une consultation d’urgence, contactez un professionnel qui répondra à vos questions.