Si vous êtes déjà allé consulter un ostéopathe, celui-ci a peut-être posé ses mains au niveau de votre crâne ? Avant d’imaginer qu’il essaye de déchiffrer vos pensées ou de le prendre pour un charlatan, voyons le fonctionnement du crâne et de l’ostéopathie crânienne.
Anatomie du crâne
La mécanique crânienne n’est pas si différente du reste du corps a un détail prêt, les mouvements des os du crâne sont minimes. Et oui, pour ceux qui ne sont pas experts en anatomie, le crâne est bien composé de plusieurs os qui s’articulent les uns avec les autres. Pour être exact, il compte 22 pièces osseuses, qui peuvent être impair et centrale ou pair et bilatérale. Certaines sont massives contrairement à d’autres qui seront imperceptibles. On a tout d’abord :
- Les os de la voûte comprenant : les deux pariétaux, les deux temporaux, l’occiput et le sphénoïde
- Les os de la face comprenant : le frontal, l’ethmoïde, les deux zygomas, les deux naseaux, les deux maxillaires, les deux palatins, les deux lacrymaux, les deux cornets inférieurs, le vomer et la mandibule.
Les os du crâne sont tous maintenu les uns aux autres pas des systèmes d’articulation comme au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire permettant d’attacher la mâchoire au crâne et par des sutures qui s’enchevêtrent les unes par rapport aux autres, comme un puzzle 3D, permettant de minime mouvement.
Concernant la mobilité des os du crâne ont décrit des mouvements de flexion et extension pour les os impairs et des mouvements de rotation interne ou externe pour les os pairs. Ces mouvements suivent les mouvements d’ampliation et de répliation de la respiration.
Les conséquences d’un manque de mobilité du crâne
Un manque de mobilité au niveau du crâne que ce soit une adaptation fonctionnelle ou en lien avec un traumatisme se répercutera sur différents systèmes :
Sur le système nerveux, cela engendrera un point de conflit, le nerf peut répondre de différentes manières : par une décharge au niveau de ces récepteurs à la douleur ou par une stimulation plus importante des structures qu’ils innervent. Par exemple, lorsqu’il y a un conflit sur le 10ème nerf crânien, cela peut engendrer des maux au niveau du ventre car il est responsable de son innervation. Un autre exemple, lorsqu’il y a un point de conflit sur le 11e nerf crânien, cela peut engendrer une contraction réflexe des muscles trapèzes et sterno-cléido-occipito-mastoïdien (SCOM).
Sur le système vasculaire, cela peut engendrer des stases veineuses pouvant être à l’origine de maux de tête et dans des cas plus graves cela favorise des accidents ischémique-transitoire (AIT) ou des accidents vasculaire cérébraux (AVC).
Sur le système musculo-squelettique, cela peut se répercuter sur la base du crâne par différents biais notamment par les muscles verniers quand l’étiologie est oculaire, par l’ATM quand l’étiologie est occlusive ou encore par les membranes de tensions réciproques (MTR) lors qu’il y a une notion de traumatisme ou de chute. En effet, la base du crâne cherchera à adapter le manque de mobilité crânienne en faisant la transition au reste du corps. Si celle-ci est trop sollicitée, elle peut décompenser et cela se répercute sur l’ensemble du corps et de la posture.
Les motifs de consultation d’un ostéopathe crânien
Au niveau du crâne, l’ostéopathe peut prendre en charge et accompagner différents motifs de consultation comme :
- Les céphalées de tension, qui sont des maux de tête qui prennent en casque. Elles peuvent survenir à la suite d’une grosse chute sur les fesses ou sur la tête, mais aussi à la suite d’une péridurale,
- Les migraines, qui sont des maux de tête violents, pouvant s’accompagner de nausée et de vomissement. Elle entraîne un arrêt de l’activité en cours pour s’enfermer dans un endroit calme et sans lumière et peuvent être précédé ou non d’aura,
- Les vertiges, représentés comme une sensation d’oscillation horizontale ou verticale où le patient a l’impression de perdre l’équilibre,
- Les acouphènes qui sont des bourdonnements continus non perceptible par l’entourage du patient mais devenant insupportable par la personne qui le subit,
Chez l’enfant, il peut y avoir d’autres motifs de consultation plus spécifique comme :
- les troubles de la succion et de la déglutition pouvant entraver l’allaitement,
- les troubles de dysoralité pouvant perturber la diversification alimentaire,
- les infections ORL à répétition comme les otites,
- Le syndrome du canal lacrymal bouché qui favorisera l’écoulement de larmes plus fréquentes chez l’enfant,
- Les torticolis congénitaux pouvant être associé à des têtes plates chez les jeunes enfants,
- Le strabisme
L’ostéopathe est un professionnel que l’on peut rencontrer sans être passé par un médecin au préalable. Dès lors, il doit avoir une rigueur pour ne pas passer à côté d’une maladie organique. En effet, les signes de pathologie organique sont très proches des signes fonctionnels au niveau du crâne. L’ostéopathe doit établir un diagnostic différentiel pour établir si le motif de consultation relève de son domaine de compétence ou non. Lorsque le motif de consultation relève d’une pathologie organique, l’ostéopathe doit s’assurer que le patient rencontre son médecin pour être pris en charge. Il pourra néanmoins proposer un accompagnement pour diminuer les signes fonctionnels concomitant à la pathologie après le diagnostic médical.
Que fait l’ostéopathe quand il pose ses mains sur mon crâne ?
Lorsque l’ostéopathe pose ses mains sur le crâne, il évalue différentes structures. Dans un premier temps, il évalue la densité du crâne, puis les attirances tissulaires. Ensuite, il se positionne pour appréhender le sphénoïde et l’occiput. Ainsi il pourra évaluer les mouvements minimes de la synchondrose sphéno-basilaire (SSB).
Il peut aussi mettre ses mains plus globalement sous la base du crâne ou sur la face pour évaluer la mobilité des cadrans antérieurs et postérieurs.
Cela lui permet de ressentir la mobilité des os du crâne, du global vers le spécifique et lui permet à la fin de ses tests de discriminer une suture crânienne spécifique à l’origine de la perturbation de la cinétique crânienne.
La localisation de la suture crânienne peut être corrélée au signe fonctionnel. En effet, si la suture en restriction de mobilité compose la cavité oculaire, le signe pourra être visuel comme un trouble de l’accommodation ou favorisant un strabisme chez l’enfant par exemple.
À partir du moment où l’ostéopathe a discriminé une suture, il aura plusieurs technicités pour lui permettre de retrouver sa mobilité. Ainsi il pourra agir sur le système vasculaire par les sinus veineux, sur les membranes de tensions réciproque ou directement sur les sutures d’un point de vue mécanique. Cela pourra se faire par des pressions rythmées sur des zones spécifiques du crâne selon ce que l’ostéopathe veut travailler.
Ostéopathie crânienne et l’axe crânio-sacré
Lorsque l’ostéopathe travaille au niveau du crâne, il y a de forte chance qu’il évalue l’axe crânio-sacré. Peut-être vous a-t-il déjà expliqué ?
En effet, la base du crâne fonctionne en synergie avec le sacrum par le biais du rachis. En effet, d’un point de vue purement anatomique, on a une fluctuation du liquide céphalo-spinale (LCS) qui part du quatrième ventricule au niveau de la base du crâne, jusqu’au sacrum en cheminant dans le rachis. Ce système travaillera en synergie avec le système neurovégétatif et ces ganglions. De cette manière, le système parasympathique sera réparti au niveau du crâne et du sacrum, quant au système orthosympathique, il se situe le long du rachis.
De cette manière, en travaillant au niveau du crâne, l’ostéopathe pourra avoir une action globale sur l’ensemble du corps, que ce soit par cet axe crânio-sacré associé ou non aux membranes de tension réciproque ou par la base du crâne où émerge tous les nerfs.
Détendez-vous grâce à l’ostéopathie crânienne
L’ostéopathe a une grande boîte à outil lui permettant de répondre à la demande de son patient que ce soit en prévention ou pour une douleur. De cette manière, il pourra utiliser des techniques dites structurelle, viscérale ou crânienne. Maintenant que vous savez en quoi consiste l’ostéopathie crânienne, plus besoin d’être tendue lorsque votre ostéopathe posera ses mains sur votre crâne. Il ne vous décoiffe pas pour le plaisir et n’essaye pas non plus de rentrer dans votre crâne, alors laissez-vous faire et détendez-vous, c’est un temps pour vous et pour vous détendre. N’hésitez plus et parlez-en à votre ostéopathe pour en savoir plus !
Si la douleur persiste au-delà de plusieurs semaines ou reste d’une intensité très forte à insupportable, votre ostéopathe vous rappelle que la consultation avec votre médecin traitant s’impose. En cas de doute et si vous avez besoin d’une consultation d’urgence, contactez un professionnel qui répondra à vos questions.